Les impératifs de la santé et de la sécurité dans le domaine militaire exigent une approche rigoureuse et pragmatique. Le Service de Santé des Armées (SSA) offre un environnement exigeant qui favorise l’innovation et la transformation, garantissant la qualité de ceux prêts à relever ses défis. Revue des troupes.
Les 3U, le parcours du combattant nécessaire pour chaque innovation
Grâce à sa longue expérience acquise à l’AP-HP et au SSA, Chanfi Maoulida a une vision sans concession des projets innovants, basée sur les 3 U pour Utile, Utilisable et Utilisé. Un filtre basé sur l’importance du cas d’usage, « parce qu’à partir du moment où on doit fournir des outils en temps de crise, il est essentiel de mettre de côté tout ce qui est superflu et tape-à-l’œil». Utilisable, c’est considérer la réalité du contexte, « par exemple, on donne la priorité aux outils qui ne nécessitent pas une connectivité constante, en optant pour la simplicité et la sobriété ». Et enfin s’assurer qu’ils seront utilisés « Il est essentiel d’avoir des indicateurs clairement définis dès le départ, avant même le lancement d’un système. Il s’agit d’un aspect très pratique et concret. Je ne cherche pas à innover pour innover, mais à répondre aux besoins réels de nos utilisateurs ».
« La santé a des règles, on va soigner des gens. Il y a à la fois des règles éthiques, des règles juridiques et des preuves scientifiques à apporter. »
Les données de santé, cible fragile et convoitée
Durant la crise de la Covid-19, « il a été démontré que le système de santé peut jouer un rôle central dans l’activité économique d’un pays et qu’il est susceptible de tout bloquer ». Les données de santé sont d’une importance capitale : par exemple, dans le cas d’une cyberattaque visant des établissements hospitaliers. « Ce domaine est devenu extrêmement stratégique dans la géopolitique actuelle. En effet, les données de santé sont essentielles pour analyser la qualité des soins prodigués à la population, identifier les maladies les plus répandues et mettre en lumière les failles du système de santé ». Et Chanfi Maoulida de souligner qu’il ne s’agit pas seulement de sécuriser les technologies mais surtout « le comportement des individus, c’est-à-dire, comment on interagit avec nos ordinateurs, nos mobiles, etc. »
Se transformer pour répondre aux enjeux de la guerre moderne
« Sur le champ de bataille, le soldat est désormais équipé de deux outils : son fusil et son téléphone », déclarait Pierre Schill, Chef d’état-major de l’Armée de Terre. Nous vivons une période critique où la santé des soldats doit s’adapter aux nouveaux conflits qui seront axés davantage sur la donnée de santé. Celle-ci est un élément clé pour assurer l’efficacité opérationnelle des armées modernes. De la collecte des données à leur exploitation en passant par la prévention et la sécurisation, chaque aspect de la gestion de la santé exige une expertise pointue et une capacité d’adaptation continue. Comment anticiper l’état de santé du soldat ? Comment mettre en place des solutions sécurisées et souveraines ? Ces défis nous poussent à nous surpasser quotidiennement. Les avancées technologiques offrent de nouvelles opportunités pour améliorer la prise en charge médicale sur le terrain.
Le mot qui compte de Chanfi Maoulida
Essayer. « Parce qu’en fait, rien n’est impossible tant qu’on n’a pas essayé. Ça ne veut pas dire que tout ce qu’on essaie, on réussit. L’échec fait partie de l’apprentissage, ce n’est pas très grave, on progresse, comme la science a toujours marché ».