Comment envisager le Value-Based Healthcare à l’épreuve de l’éthique médicale ?

par | 25 septembre 2025 | Innover

Comment envisager le Value-Based Healthcare à l’épreuve de l’éthique médicale ?

Cet article est rédigé par une intelligence artificielle

Prompt utilisé : Comment envisager le Value-Based Healthcare à l’épreuve de l’éthique médicale ?

Date de création : 2 septembre 2025

Le Value-Based Healthcare promet de centrer les soins sur la valeur créée pour le patient. Mais que devient ce modèle lorsqu’il se confronte aux principes de l’éthique médicale ?

Le Value-Based Healthcare (VBHC), ou « soins de santé fondés sur la valeur », vise à réorganiser les systèmes de santé pour centrer la performance sur la valeur créée pour le patient plutôt que sur le volume d’actes réalisés. L’intention est de relier la qualité des soins aux résultats cliniques et à l’expérience du patient, tout en tenant compte des coûts.

Or, lorsque l’on confronte ce modèle à l’éthique médicale, plusieurs tensions et pistes de réflexion apparaissent :

Le patient comme finalité

L’éthique médicale, inspirée du serment d’Hippocrate, place la dignité et le bien-être du patient au centre. Le VBHC est cohérent avec ce principe puisqu’il cherche à maximiser les bénéfices pour le patient. Cependant, une vigilance s’impose : définir la « valeur » ne doit pas se réduire à des indicateurs économiques ou de santé publique abstraits, mais inclure l’expérience vécue, l’autonomie, la qualité de vie et la singularité des parcours.

Justice et équité

Un risque éthique du VBHC est l’exclusion ou la marginalisation de patients jugés « peu rentables » (patients chroniques complexes, personnes âgées fragiles, cas rares). L’éthique exige au contraire une équité d’accès et une attention particulière aux plus vulnérables. La mise en œuvre du VBHC doit donc intégrer des garde- fous pour éviter la sélection implicite des patients.

Transparence et autonomie

L’éthique médicale repose sur le consentement éclairé et l’autonomie du patient. Le VBHC implique la collecte et le partage de nombreuses données de santé (résultats, qualité de vie, satisfaction). Cela soulève des enjeux de transparence, de confidentialité et de clarté dans la communication des résultats, afin que le patient ne soit pas réduit à un « indicateur de performance ».

Responsabilité des soignants

Le modèle VBHC modifie aussi la relation médecin-patient. Les soignants peuvent être incités à suivre des protocoles optimisés pour la « valeur » globale, au risque de rigidifier la pratique et de réduire la personnalisation des L’éthique rappelle que chaque décision médicale doit être guidée par le bien individuel du patient, même si cela diverge de l’optimum statistique.

Gouvernance et finalités collectives

Enfin, l’éthique interroge la finalité du VBHC : est-ce un outil pour réduire les coûts ou pour améliorer la santé globale ? L’approche ne peut être éthique que si l’objectif premier reste la santé et la dignité des personnes, et non la simple rationalisation économique. Cela suppose une gouvernance transparente, incluant patients, soignants et citoyens dans la définition des priorités de « valeur ».

En résumé

Le Value-Based Healthcare peut constituer un prolongement des principes éthiques classiques de la médecine s’il reste centré sur la dignité, l’équité et l’autonomie du patient. Mais il doit être mis en œuvre avec prudence pour éviter les dérives utilitaristes ou économistes qui sacrifieraient la singularité des individus. L’éthique médicale joue alors un rôle de boussole critique pour guider son déploiement.

Le point de vue de l'Expert

Guillaume Druais

Guillaume Druais

Juriste à l’Office notarial Belem

LES VBHC : KNOCK ou le triomphe de la médecine, le retour

SAINT-MALO. Un mardi du mois de juillet. Il est 15H00. Le téléphone sonne. Je décroche : « Office notarial BELEM, bonjour… ».

Une voix de crécelle contrefaite me répond : « Oui, bonjour, je suis l’assistante de Madame Céline DRUAIS VOINOT, ne quittez pas, je vous la passe…

  • Céline ?
  • Non, son assistante
  • Je t’ai reconnu, Céline !
  • Non, ce n’est pas moi, ne quittez pas !
  • … »

Une voix faussement grave et posée lui succède : « Oui bonjour, ici Céline DRUAIS VOINOT, je suis la directrice de publication de la société Foresight Data Publishing. Pourrais-je parler à Monsieur Guillaume DRUAIS ?

  • C’est moi Céline ! Et tu le sais. Je t’ai reconnu tout à l’heure !
  • Oui, bonjour Monsieur DRUAIS, comme je le disais, je suis la directrice de pub…
  • Céline ! Je suis ton frère ! A quoi joues-tu ?
  • ….
  • Tu m’as reconnu tout à l’heure ?
  • Outre le fait que tu es ma sœur, je t’ai au téléphone au moins une fois par semaine. Ça me ferait mal de ne pas te reconnaître !
  • Zut ! Je pensais bien tenir le personnage de l’assistante. Faut que je m’entraîne plus !
  • Si si, c’était pas mal, si ce n’est un peu trop haut perché. Et tu m’appelais pour … ?
  • Foresight Data Publishing va faire une nouvelle publication sur les VBHC. Ça te dit d’écrire un article là-dessus ? Deux – trois pages pas plus.
  • Il te faut cela pour quand ?
  • Pour la fin du mois d’août ? Cela te va ?
  • Ça marche !
  • Super ! Allez Bisous, je te laisse, j’ai un autre appel à passer !
  • Attends ! J’ai une question ! C’est quoi les VBHC ?
  • Céline gloussant : Guillaume, toujours aussi drôle ! Ciao ! Bisous ! »

Et c’est comme cela cher lecteur, que je me retrouve à écrire sur un sujet qui m’est totalement inconnu. Mais j’ai l’habitude. Je suis juriste et avocat. Je sais faire semblant de parler de façon pénétrée de sujets qui me sont en réalité totalement incompréhensibles. L’illusion est mon métier. Je suis le David Copperfield (pas le David de Dickens, le David de Claudia et de la Statue de la liberté) qui fait disparaître les difficultés des concepts et des théories.

Je me mets donc au travail : après avoir formulé un « HEY SIRI » infructueux et lancé une bouteille à la mer à l’amicale de la boule bretonne dont je suis membre depuis un peu moins d’un an (j’ai une carte plastifiée à mon nom), je décide de profiter de mon rendez- vous annuel chez mon médecin traitant pour lui demander ce qu’il sait et pense des VBHC.

Première constatation : le débonnaire Docteur LECTER (c’est le nom de mon médecin traitant) n’exerce plus dans son cabinet individuel situé rue des Agneaux mais dans un centre médical flambant neuf situé à un pâté de maison et portant le nom poétique d’Unité de Pratique Intégrée du Silence.

Deuxième constatation : le Docteur Quinn LECTER, Docteur Quinn pour les intimes, a décidé de prendre un congé sabbatique pour parcourir la Lituanie en quête des mânes de ses ancêtres et apprécier les spécialités culinaires locales.

À la place du Docteur Quinn, c’est le docteur Elizabeth KNOCK, sa remplaçante, qui va me recevoir.

J’attends patiemment dans la salle d‘attente. La déco est sobre et de bon goût : les murs sont blancs, les chaises sont blanches ainsi que la petite table au centre de la pièce sur laquelle est posée un tas de feuilles vierges.

La seule chose qui dénote dans cette immaculée est l’énorme inscription blanche en relief apposée au mur qui me fait face : « LA VALEUR EST TOUT ».

En regardant avec plus d’attention, je m’aperçois que tous les murs blancs portent des inscriptions blanches qui sont parsemées de ci de là : « SOLIDARITE, HOLISTIQUE, CERCLE DE SOINS, MESURES ».

Ces inscriptions blanches sur un fond blanc me font penser à un tableau de ANTRIOS ou à un SOULAGES sous anti-dépresseur.

Je n’ai pas le temps de m’appesantir sur ces considérations picturales car mon nom retentit soudain : « Monsieur Guillaume DRUAIS ! SALLE C ! »

Je me dirige vers le couloir blanc dont les murs sont tatoués de mantras virginaux : « COORDINATION, DATA MANAGEMENT,  DEMOCRATIE SANITAIRE », et pénètre dans une pièce blanche qui a pour seul mobilier deux chaises blanches faisant face à un bureau blanc et à une blouse blanche siégeant dans un fauteuil blanc.

« Bonjour Patient Partenaire Guillaume DRUAIS ! Prenez place, je vous en prie !

  • Docteur KNOCK, je présume ?
  • Non Patient Partenaire DRUAIS ! Je suis l’infirmière Mildred RATCHED. Vous passez un premier entretien avec moi. Le docteur KNOCK vous recevra ensuite.
  • D’accord…
  • Remettez moi vos fiches PROMS et PREMS s’il vous plaît.
  • Mes fiches ? PROMS ? PREMS ? Kesako ?
  • L’infirmière RATCHED me regarde comme si j’étais un coucou s’étant trompé de nid : « Les questionnaires que vous avez rempli suite à votre dernière consultation en notre centre. Il faut me les remettre afin que je mette à jour vos datas.
  • Je suis désolé mais je ne comprends rien.
  • Les fiches qui sont dans la salle d’attente. Il faut obligatoirement les remplir et nous les donner après, au plus tard au rendez-vous suivant. Si je n’ai pas vos PREMS et vos PROMS, je ne peux pas faire mon travail correctement.
  • Votre médecin traitant habituel ne vous l’a pas dit ?
  • Ben non Mais j’ai une devinette pour vous : PROMS et PREMS sont sur un PROMS tombe à l’eau. Qui est-ce qui reste ? » L’infirmière RATCHED me toise… Les facéties du Docteur LECTER me manquent.
  • La médecine est une chose sérieuse Monsieur DRUAIS ! Si je n’ai pas vos PREMS et vos PROMS, mes CROMS seront insuffisants pour vous évaluer !
  • CROM ? Comme dans CONAN le Barbare ?
  • CROMS et non pas CROM ! » L’infirmière RATCHED est à deux doigts de m’enfiler une camisole. 

Je suis sauvé in extremis par l’arrivée du Docteur KNOCK : « Monsieur DRUAIS ? Enchanté !

  • Docteur, le patient n’a pas ses PREMS et ses PROMS !
  • Ce n’est pas très grave. Je prends le relais… ».

30 minutes plus tard, je ressors du centre médical avec une analyse de sang à faire et quelques lumières sur ce qu’est le VBHC.

De ce que j’ai compris, VBHC signifie VALUE BASED HEALTH CARE, ce qui donne dans la langue de Molière : Soins de Santé basés sur la Valeur. C’est un concept développé en 2013 qui vise à assurer la soutenabilité économique et financière des systèmes de santé face à l’augmentation des dépenses due au vieillissement de la population et à la chronicisation des maladies.

Pour ce faire, si on part du raisonnement qu’une simple réduction des coûts n’est pas considérée comme une stratégie pertinente si elle n’est pas accompagnée d’une amélioration des résultats pour le patient, il faut alors passer d’une vision du système de soins comme une contrainte de dépenses à court terme (logique de volume qui consiste à payer pour le nombre d’actes, de consultations, d’hospitalisations) à celle d’un investissement sur le long terme axé sur la création de valeurs pour les patients (logique de valeur consistant à payer pour les résultats de santé réellement obtenus pour les patients).

On obtient ainsi une formule VALEUR = RESULTATS EN MATIERE DE SANTE / COÛTS 

Cette notion de valeur s’articule autour de 4 piliers :

  1. Une distribution équitable des ressources = valeur allocative
  2. Obtenir les meilleurs résultats avec les moyens alloués = valeur technique
  3. Atteindre les objectifs personnels des patients = valeur personnelle
  4. Contribuer à la solidarité et à la cohésion sociale = valeur sociétale

    On conditionne alors le financement à l’impact réel des soins sur l’état de santé.

    Pour appliquer cette notion de VALEUR, le VBHC s’appuie sur de grands principes :

    1. Le Patient est au centre de l’évaluation

    Il est un partenaire avec lequel on définit les objectifs de la prise en charge (adhérence au traitement et expérience patient).

    2. Mesure des résultats cliniques et de l’expérience patient

    Une évaluation sur la base d’indicateurs qui capturent l’amélioration de l’état de santé et la qualité de vie du patient.

    • Les PROMS : Patient Reported Outcome Ce sont les résultats des soins perçus tels que rapportés par le patient lui-même (Combien de temps à l’hôpital ? Reprise de l’activité physique ? Douleurs ? Autonomie…?).
    • Les CROMS : les éléments cliniques mesurés par les équipes
    • Les PREMS : Patient Reported Experience Measures. C’est l’expérience des soins vécus par le patient (Comment a-t’il reçu l’annonce du diagnostic, l’accompagnement, les délais…?).

    3. Mesure des coûts sur l’ensemble du parcours des soins (et non d’un acte)

    Afin d’optimiser le rapport coût/ résultats et améliorer la santé obtenue pour chaque euro investi.

    4. La réorganisation des soins centrée autour du patient

    Plutôt que fragmenter les soins entre de multiples acteurs, on va privilégier des soins intégrés autour de la santé et du bien-être du patient.

    On peut prendre pour exemple la tentative de Montréal des Unités de Pratique Intégrée dans lesquelles une équipe spécialisée de professionnels cliniques, d’analystes de données et de conseillers en qualité et performance collabore pour offrir des soins complets tout au long d’un cycle de traitement d’une cohorte de patients partageant une condition médicale ou comportementale commune (exemple d’une UPI en cardiologie sur syndrome coronarien aigu ou en santé mentale pour un groupe d’âge particulier…).

    Cet environnement collaboratif n’obéit plus à une séquence prédéterminée mais s’adapte aux besoins individuels. On change de paradigme pour une approche holistique du patient.

    De même on va inclure des patients partenaires et des représentants des organismes communautaires ou paramédicaux, ce qui permettra de mieux comprendre le parcours du patient.

    5. Utilisation des données et digitalisation

    Il faut collecter, structurer, analyser et comparer les données (Data management et développement de l’IA).

    6. Collaboration et Apprentissage

    Une approche collaborative avec l’ensemble des parties (établissements, professionnels, patients, payeurs…).

    7. Changement culturel et Gouvernance

    On rémunère les soignants sur la base de la qualité et des résultats, pas du volume d’actes.

    On peut ainsi imaginer différentes applications ;

    • Une prise en charge du diabète où la rémunération est fonction du contrôle glycémique et de la qualité de vie des patient ;
    • Un registre national des prothèses de hanche qui par un suivi à long terme permet d’identifier les prothèses les plus efficaces et d’améliorer les pratiques ;
    • Une expérimentation de paiements groupés pour certaines chirurgies ;
    • Ou bien un programme d’incitation financière à l’amélioration de la qualité.

    Ce changement de paradigme, qui est très séduisant sur le papier, annonce inévitablement la fin du paiement à l’acte et la mise en place de la capitation.

    En soi, cela n’empêche pas le juriste que je suis de soliloquer ou de dormir.

    Mais cette notion de VBHC me questionne :

    D’abord, comment mettre en place (même si on peut trouver des coordonnateurs) efficacement un tel schéma nécessitant de multiples intervenants alors que l’on ne cesse de parler de déserts médicaux ?

    D’ailleurs, à moins de voir poindre une médecine à deux voire à trois vitesses, une telle approche nécessiterait une planification au niveau de l’Etat. Et donc, même si in fine cela pourrait permettre des économies en diminuant les dépenses de santé, cela nécessite un budget conséquent. Et en cette période de déficit…

    A moins de demander une contribution aux boomers qui sont responsables de tous nos maux (pardon papa, pardon maman).

    A moins de ponctionner les industriels qui favorisent certaines maladies chroniques (vous savez combien il faut d’eau et de sucre pour obtenir un litre d’un soda au goût cola ? J’ai vu un documentaire à ce sujet hier soir. Rien que d’y penser, j’ai ma nappe phréatique qui me démange et mon taux de glycémie qui fait des bonds…). A moins de proposer à leurs services marketing de sponsoriser les UPI. Il y a bien le greenwashing. Pourquoi pas le sugarwashing ?

    Ensuite, une telle approche nécessite une totale transparence. Et la rémunération basée sur la valeur et le résultat ne risque-t-elle pas de tenter les professionnels de sélectionner leurs patients afin d’avoir les meilleurs résultats possibles et donc la meilleure rémunération ? Ce tropisme est terriblement humain…

    Enfin, si vous mettez en place une culture du résultat, à la fois quant à la qualité des soins (ce qui paraît normal à tout un chacun) mais aussi sur leurs coûts et les économies réalisées (par rapport à l’année n-1), comment concilier cette approche avec l’approche juridique qui considère que l’acte de soins obéit à une obligation de moyens et non de résultats ?

    Il faudra que je discute de tout cela avec le Docteur LECTER lors d’un bon dîner arrosé de Chianti.

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